mercredi 7 mars 2007
Suite pour Duo 12
Par Sylvie Heyart, mercredi 7 mars 2007 à 11:39 :: De la poésie
Les glissements de la mémoire entre deux corps qui n’en font qu’un
du clair au sombre et � la nuit
ces glissements sur la pente inexorable du sang
nœud de matière bras main
un étau qui se crispe
l� où caresse devient destin
les corps scellés par cette grotte sombre qui apparaît
entre eux
qui creuse en eux
l’antre-eux
le corps devenu son antre rassurant, � cette bête rouge sang de l’intérieur des ventres éclatés l’un en l’autre
et dire ce ventre c’est dire le vent qui les balaie qui les malaxe et qui les rend gorge bouche magmas vivant
celui qui sculpte la pâte molle du début et la transforme os chair
peau et cendres
et souffle
et vibrants
approche furtive du début
transformée en combustion lente
puis agonie
agonie de l’errance lorsque deux emmêlés se pourfendent et s’étreignent
si fort que la taille de la femme devient roseau ardent fente embrasure
sous la grande main noire de ce qui se faufile entre eux
tempête du désir lacérant tout sur son passage
et source et soir coulant sur les parois du sexe
qui a surgi en elle
non celui de l’autre mais le sien
et ce lieu innommé soudain devient présence
par la magie d’un son qui recrée l’infini
les parois de la gangue qui flottaient au-dehors
sont entrées en ouvrant la chair comme une fleur
le corps souple se muscle et devient dense
danse de l’ailleurs ligoté qui soudain s’élargit en immense havresac
en une immense besace
le sac et le ressac y trouvent sérénité
serre haine ite
va étrangler la haine pour la tuer
� la place le velours de ces teintes
bleues et rouges
où l’étreinte du ciel et de la terre se fond dans un baiser
le ventre qui se creuse
le sein qui s’arrondit
elle s’est mise � pulser et se tourne vers lui
coller sa peau nue � la peau retrouvée
grammaire et abc du geste
pulpe devenue chair
souffle redevenu fruit
hier enchâssé dans la douleur du présent
et sa douceur aussi
mutantes du soleil et de l’ombre mêlés
lentement
mutantes l’une en l’autre
horizon déplacé
fines silhouettes roses s’animant sur l’été qui de sa grande main cambre notre
animalité
jeu de mains
jeu demain
je deux mains
je demain
aujourd’hui et demain dans ces mains qui se prennent et qui vibrent et qui
dansent et qui lâchent aussi tous leurs repères anciens
les doigts devenus chaînes
grains d’un même collier tout bruissant d’âme humaine
aimant alimenté par cette
énergie sourde
ruisselante empourprée
du corps nu des bruyères
lorsqu’elle s’enflamme et mue
énergie de la matière
la prière de l’instant
IN, le 6 mars 2007
Jeu de mains, 2007 (collection privée)